Foin des précautions conceptuels des leaders du PS qui ne veulent pas s’aliéner l’électorat noniste (avec le succès que l’on voit, celui-ci étant donné à 20 % d’intentions de vote) : Ségolène Royal a proclamé, mercredi 27 mai, lors d’un mééting à Rezé, que “le moment est venu de créer les Etats-Unis d’Europe“. La candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007 renoue ainsi avec éclats avec le fédéralisme des pères fondateurs dont elle se veut l’héritière.
Dans un vrai discours de combat, elle invite le Parlement européen à se transformer en constituante : « n’écoutez pas ceux vous dirons que ce n’est pas votre mandat : les délégués des États généraux n’avaient pas non plus reçu mandat de déclarer les Droits de l’Homme, pourtant ils l’ont fait. N’hésitez pas, députés socialistes, à faire entre l’Europe dans l’histoire. Appelez les parlements nationaux en renfort (…), appelez les peuples en soutien ». « Nous voulons plus d’Europe, nous voulons une Europe de plus », a-t-elle martelé :« vous devez faire l’Europe unie, l’Europe unie des peuples d’Europe ».
Un discours courageux qui rompt avec le ronron de la campagne, mais dont aucun média (hormis Bernard Guetta dans sa chronique sur France Inter vendredi matin) n’a pourtant parlé. Presse écrite, télévision, radio se sont contentées de commenter la mise en scène de la réconciliation entre « Ségolène et Martine » destinée à sauver le soldat socialiste en perdition, décrivant même parfois les tenues des deux adversaires provisoirement amies. Je n’ai découvert ce discours que tardivement parce qu’un journaliste de mes amis a attiré mon attention sur la véritable révolution qu’il constituait. Devant un tel black out médiatique, comment s’étonner que l’abstention sera sans doute le grand vainqueur d’un rendez-vous pourtant fondamental pour l’avenir ? Le discours de Royal avait pour but de lancer un vrai débat sur le projet européen : faut-il revenir à l’État nation, s’en tenir à l’existant ou accélérer le mouvement, face aux crises qui ravagent le monde ? Manifestement, personne n’a envie d’un tel débat, que ce soit du côté des politiques ou des journalistes. Le citoyen n’est pas censé s’intéresser au fond.
Meeting de Rezé : discours de Ségolène Royal
publié le juin 3, 2009
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